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Ukraine entre Union Européenne et Russie : le spectre du gaz

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Les dernières élections du Parlement Ukrainien en octobre 2012 ont montré, encore une fois, un pays partagé entre une partie orientale proche de la Russie et une partie occidentale tendant vers un mode de vie plus européen. Ces élections semblent confirmer le résultat des élections présidentielles de 2010 quand Yanukovych est revenu au pouvoir, mettant fin à l’expérience de la « Révolution Orange » de 2004.

La situation particulière de l’Ukraine au niveau intérieur peut être mieux comprise en analysant la position de ce pays dans l’échiquier mondial. Après la fin de la guerre froide, un des objectifs des pays occidentaux a été d’essayer d’élargir leur sphère d’influence aux pays sortis du bloc soviétique.

La première étape de cette stratégie a été l’élargissement de l’OTAN et de l’UE vers l’Europe centrale et orientale. Ensuite, la stratégie atlantique et européenne s’est concentrée sur la construction de liens plus étroits avec les anciennes Républiques soviétiques, et en particulier la Géorgie et l’Ukraine.

Natural gas pipelines from Russia to Europe
Source: Wikipedia

En ce qui concerne l’OTAN, ce projet s’est arrêté après la guerre en Géorgie et le Sommet de Bucarest (2008) où on a renvoyé sine die l’entrée de Kiev et Tbilissi dans l’organisation. A propos de l’UE, l’intérêt pour l’Ukraine est bien souligné par la Politique de voisinage et le Partenariat oriental. Cette politique est entre autres influencée par la question énergétique qui représente un élément fondamental.

 L’Ukraine peut être considérée comme un pays de transit pour le réseau qui apporte l’énergie de la Russie à l’UE. En ce sens, les relations entre l’Ukraine et l’UE passent par la Russie qui est un acteur central dans la région. La question de l’approvisionnement énergétique a toujours représenté un problème dans les relations entre Kiev et Moscou comme le démontrent les crises gazières de 2006 et 2009.

Forte du fait d’être un partenaire plutôt important pour l’UE, en particulier pour l’Allemagne et l’Italie, la Russie a été capable de bien utiliser cette situation en se concentrant sur l’absence de véritable politique énergétique européenne et en marginalisant l’Ukraine. La position de Kiev a été affaiblie par la création du gazoduc Nord Stream avec une participation de capitaux allemands et le projet South Stream avec une participation financière italienne. Ces deux projets ont bien réduit l’importance stratégique pour Rome et Berlin du projet européen Nabucco en soulignant la primauté des intérêts nationaux face à une politique énergétique européenne pas encore réalisée.

La crise géorgienne de 2008, les crises gazières avec Kiev et la réussite de la stratégie du divide et impera menée par Poutine et Medvedev soulignent bien la position internationale difficile de l’Ukraine. Cette stratégie a pour objectif d’utiliser les divisions ethniques et politiques qui caractérisent l’Ukraine afin d’en affaiblir sa capacité d’action. En particulier dans le cas ukrainien, la Russie va se lier à la partie orientale du pays proche d’elle. Le résultat est un pays divisé et avec une capacité d’action politique limitée à cause de clivages entre l’Ouest et l’Est. Une stratégie analogue a été utilisée en Géorgie où, manu militari, la Russie a créé les Républiques de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie en affaiblissant le pouvoir central de Tbilissi après la guerre de 2008.

La marginalisation dans le concert international et dans les enjeux énergétiques risque de l’éloigner de l’UE et de renforcer la position russe dans le pays en accord avec la théorie du Near Abroad introduite par l’ancien ministre des affaires étrangères, Andrey Kozyrev, après la chute de l’Union Soviétique. Cette théorie, devenue centrale dans la politique étrangère de Poutine et Medvedev, souligne le fait que la Russie a des intérêts vitaux dans la région qui l’entoure et qui a fait partie de l’ancien empire soviétique. C’est un concept qui souligne bien la vision réaliste des relations internationales qui caractérise le Kremlin.

Antonello Cadinu : après avoir terminé mes études en Sciences politique set Relations internationales à la LUISS Guido Carli de Rome, j’ai suivi un Master en Etudes diplomatiques à la SIOI de Rome. Maintenant je suis étudiant du Collège d’Europe sur le campus de Natolin.


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