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La Russie est-elle menacée par l’Union européenne suite au Partenariat oriental ?

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La concurrence entre les pays européens et la Russie a d’abord été militaire et politique au 13ème siècle. Elle perdure avec le « temps des troubles » au 16ème siècle ; puis devient plus philosophique au 19ème siècle avec le débat entre « slavophiles » et « occidentalistes ».

Le Partenariat oriental lancé en 2009 entre l’Union européenne (UE) et les six partenaires d’Europe orientale et du Caucase du Sud (Belarus Ukraine, Moldavie, Géorgie, Arménie, et Azerbaïdjan) a-t-il contribué à la concurrence euro-russe ? La Russie est-elle menacée dans sa zone d’influence ?

L’UE souhaite à travers le Partenariat oriental établir autour de ses frontières une communauté de « pays amis », constituée d’Etats stables et prospères. Elle veut montrer qu’elle est capable d’agir hors de ses frontières. Enfin, l’UE propose à ses partenaires son modèle de société promouvant la démocratie et l’Etat de droit, et donc une alternative au modèle en place, découlant du modèle russe.

Cette ambition européenne vient évidemment titiller les intérêts russes. En effet, Moscou partage avec les six partenaires de l’UE une histoire commune ainsi que de nombreux liens politiques, économiques, commerciaux, énergétiques, identitaires et militaires.

Il faut garder en tête que l’action extérieure de l’UE est gouvernée par les intérêts des 27 Etats membres de l’UE. Ainsi, les pays alliés de la Russie comme l’Allemagne ou la France, empêchent toute action allant à l’encontre des intérêts russes. De plus, Bruxelles et Moscou sont énergétiquement trop interdépendants pour risquer un conflit.

Cependant, une lutte d’influence a bien lieu en Europe orientale et dans le Caucase du Sud, mais sous une forme plus détournée.

Suite aux négociations de l’Accord d’Association (AA) comprenant l’accord de libre-échange complet et approfondi (DCFTA), Moscou a fait pression sur Kiev en lui proposant d’adhérer à l’Union douanière qui lie la Russie, le Belarus et le Kazakhstan. L’ambition russe n’est pas d’intégrer l’Ukraine dans l’Union douanière, mais d’empêcher la mise en place de l’AA qui va à l’encontre de ses intérêts.

Notons que la Moldavie et l’Ukraine sont membres du Traité instituant la Communauté de l’Énergie depuis mai 2010 pour Chisinau, et février 2011 pour Kiev. Les deux nouveaux membres devaient adopter une série de directives de l’UE ; pourtant, ces deux pays n’ont pas su tenir les délais fixés. L’adoption du modèle énergétique de l’UE entrave les intérêts russes.

Actuellement, les défis pour que Bruxelles s’impose face à Moscou restent nombreux. Les gouvernements partenaires manquent de ressources et de volonté politique. L’absence de perspective d’adhésion à l’UE n’encourage pas l’adoption des standards européens. Sans oublier que l’UE n’est pas en situation de force en raison de la crise qu’elle traverse, mais également en raison des différentes réformes du Traité de Lisbonne qui occupent les Européens.

En fin de compte, l’Union européenne ne parvient pas, à l’heure actuelle, à concurrencer la Russie. Néanmoins, l’action européenne prend place en ménageant le Kremlin à travers des low politics, c’est-à-dire à travers des aspects politiques, économiques, sociaux, culturels, ou idéologiques qui ne touchent pas aux intérêts vitaux russes. Sur le long terme, l’hypothèse selon laquelle le Partenariat oriental parviendrait à imposer le modèle européen dans les pays partenaires peut donc être envisagée.

Victoria de Posson est étudiante au Collège d’Europe dans le Master « Etudes européennes interdisciplinaires ». Elle est diplômée de l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve en Relations internationales, diplomatie et gestion des conflits. Elle s’intéresse particulièrement aux relations euro-russes et à l’action de l’Union européenne en Europe Orientale et dans le Caucase du Sud.


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